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INTRODUCTION



           Véritables observatoires de la diversité biologique végétale, le jardin botanique est un lieu singulier. Tout y est agencé à la fois pour le plaisir des yeux et  pour nous instruire. Le texte accompagne le végétal et la présence d'étiquettes indique à quelle espèce appartient chaque plante. Comme les musées d’histoire naturelle ou les ménageries auxquels ils sont souvent associés, les jardins botaniques reflètent une vision scientifique de la composante végétale et en partage l’histoire.


           Les jardins botaniques, ou jardins des plantes médicinales, ont émergé afin d'aider l'enseignement médical et de fournir les apothicaires. Les jardins de monastère à la Renaissance en sont les premiers vestiges. Puis ceux-ci ont évolués avec l’enseignement universitaire de la médecine : dès le milieu du 16e siècle en Italie, en Hollande, en Allemagne puis en France à Montpellier en 1598, et à Paris en 1635. Souverains et princes soutiennent les initiatives des savants pour la création des jardins botaniques. Certains monarques ont leur propre jardin qu'ils confient à des médecins spécialisés dans l'étude des plantes médicinales ou à des botanistes.


           A la fin du 17e et au 18e siècle, le savoir botanique s’émancipe en se donnant sa propre finalité. Au souci de l’utilité s’ajoute le désir de décrire et classer la nature. La découverte de l’Amérique, les voyages en Orient, les entreprises coloniales augmentent sans cesse le nombre d’espèces connues des savants européens. Produit des périples des naturalistes, le jardin botanique concentre l’espace en un voyage immobile. Rapportées de multiples lieux, les plantes n’y sont pas entassées sans ordre ou selon le seul critère esthétique. Le jardin botanique est avant tout une collection et son espace comme celui d’un musée ou d’une bibliothèque est organisé selon un plan de classement.


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           En 1619, l’Académie de Strasbourg regroupe quatre facultés: Théologie, Droit, Médecine et Philosophie. C’est dans le quartier de la Krutenau, derrière le couvent Saint-Nicolas-aux-Ondes que la Faculté de Médecine décide de l’installation d’un Jardin Botanique. Jean-Rodolphe Saltzmann devient le premier directeur du jardin alors appelé “Doktorsgarter”, le jardin des docteurs.



           La ville de Strasbourg construit en 1603 une serre pour son jardin botanique. Vers 1770, le jardin s'agrandit encore mais ne dépassait tout de même pas deux arpents. Jean Hermann fut un digne successeur de Spielmann. Il fut nommé à la chaire de botanique en 1784. Lors de la révolution française, en 1789, le directeur Jean Hermann permet la survie du jardin en sacrifiant ses fonds propres pour assurer l’entretien. Il s’oppose aux révolutionnaires et enterre les plus belles statues de la cathédrale afin de les sauver de la destruction. L'université se releva plus brillante en 1806, par le décret de Napoléon. A l'ancien établissement exclusivement protestant succéda une Université rattachée aux autres Universités Françaises et comprenant cinq facultés, privilège accordé seul à Strasbourg après Paris.



           Au fils des décennies, le nombre de plantes ne va cesser d’augmenter atteignant les 5000 plantes en 1838. Le jardin s’est agrandi petit à petit grâce à l’achat de petites parcelles autour de celui-ci. Malheureusement durant la guerre franco-prussienne de 1870, le jardin fut transformé en cimetière.



           Après l’annexion de l’Alsace par les autoritées allemandes, celles-ci décide de créer un nouveau jardin botanique. A l’endroit où se trouvait jadis le premier jardin se trouve un vieux platane oriental centenaire.



           Lors de la construction de la Kaiser-Wilhelms-Universität, les nouveaux dirigeants d’Alsace consultent les scientifiques strasbourgeois afin de connaitre au mieux leur besoin pour faire de Strasbourg la vitrine scientifique et culturelle de l’Empire. La construction du nouveau jardin botanique et d’un institut de botanique va être entrepris en 1880. Il se trouve dans l’axe du Palais Universitaire et est bordé par la rue de l’Université et la rue Goethe. (images avec le palais U) Anton de Bary, botaniste et mycologue de renom est à la tête de la botanique à Strasbourg. Dans « La Belgique horticole » de 1883, Christian Müller nous propose une visite guidée du Jardin botanique encore en cours de construction. Le jardin ne fait pas moins de 3,5 ares, s’étend vers le Rhin et englobe l’Observatoire de Strasbourg.


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           Cependant quelques contraintes demeurent, il faut accoutumer des espèces à vivre sous un autre climat que celui de leurs pays d’origine. L’homme va ainsi les protéger dans des serres, ou en nicher d’autres dans des rocailles fraîches, il s’efforce de récréer un climat différent et réalise par là même de véritables microcosmes écologiques. Cela va permettre d'emplir nos jardins de plantes du Caucase, des pentes de l’Himalaya, de la Chine et du Japon, et bien sûr des régions tempérées du continent américain. 


           A travers l'histoire du jardin botanique de Strasbourg, nous verrons que les jardins botaniques sont devenus des lieux d'études, de formation scientifique, d'essais et de recherche mais aussi de diffusion des connaissances ainsi que des centres de référence importants pour les activités économiques et commerciales.

           

           A chaque étape de leur histoire, les jardins botaniques ont vu des fonctions et des formes nouvelles apparaître ; sans rendre caduques les anciennes, elles s’y sont ajoutées, dans un mouvement continu qui est celui de l’histoire même de la science du végétal.

CHAPITRE 2 

DE PRESIDENT EN

​PRESIDENT


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           Strasbourg ville intellectuelle et ville d'art, aspirait à la création d'une université. En 1621, Ferdinand II transforme l'Académie de Strasbourg en université avec tous les privilèges qui s'y rattachent. A l'honneur de posséder une université s'ajoutait celui de posséder un jardin botanique dans l'enceinte de la ville. Jean Rodolphe Salzmann, premier directeur du jardin était professeur depuis 1611 à l'Académie et grand voyageur très versé dans la culture des plantes exotiques. Sous sa direction le jardin, dont les végétaux étaient classés suivant leurs propriétés médicinales, prit un essor considérable. Salzmann dirige l'établissement de Strasbourg jusqu'à sa retraite en 1652.


           Dès 1670, Marc Mappus, grand botaniste alsacien édita le premier catalogue du jardin qui contenait alors 1600 variétés végétales. Le nombre de plantes exotiques y étaient encore très restreint; la majorité se composait de plantes du bassin méditerranéen, de la presqu'île du Gange et de l'Amérique septentrionale, toutes casées dans des serres peu étendues. Ce fut le botaniste Jean Boecler à la tête du jardin en 1719, qui modifia la classification médicinale des plantes du jardin pour la remplacer par celle de Tournefort, basé sur la disposition des pièces florales.


           Jean-Raimbaud Spielmann fut nommé à la chaire de Botanique et de matières médicales après la mort de Boecler.  Sous sa direction le jardin botanique s'accrut en plantes et en semences nouvelles du monde entier. Son "prodrome de la flore d'alsace" constitue un véritable catalogue du jardin qui contenait alors 2200 plantes réparties en 540 genres. La classification de Tournefort fut détrônée par celle de Linné ayant pour base la disposition des pièces sexuelles de la fleur.


           En 1805, Dominique Villars, grand spécialiste botanique fut nomme à la tête de la chaire de botanique par l'empereur. La classification Linéenne des plantes fut bouleversée et Villars adopta celle de Jussieu basée sur les familles naturelles.


           Laurent Apollinaire Fée reprit la succession du jardin en 1819. Fée contribua beaucoup à la prospérité et à l'amélioration du jardin botanique. Estimant que seuls les jardins possédant un catalogue pouvaient s'enrichir et favoriser les travaux des autres, il édita son catalogue méthodique en 1836 renfermant 4500 espèces. Afin d'être agréable à la ville qui subvenait aux besoins du jardin, il y fit planter un arboretum avec allées ombragées agréables aux promeneurs. Les arbres se trouvant ainsi dans un lieu spécial, les plantes herbacées eurent plus d'air et de lumière. Un nombre considérable de nouvelles plantes s'ajouta aux anciennes et dès 1838, le jardin comptait 5000 espèces. La maison de Villars fut transformé en Orangerie. Le jardin était riche en végétaux rares et précieux, tels que les orchidées, les liliacées, les plantes tropicales, les orangers, les palmiers, les dattiers. Mais tout en ayant pu acclimater les plantes curieuses dont la culture n'avait pas réussi jusque là à Strasbourg, Fée se plaignait du manque de place et de serres non chauffées. Divers projets d'agrandissement et de valorisation du jardin furent proposées et se seraient réalisés si la guerre de 1870 ne les avait pas réduits à néant.


           Après la guerre, Antoine de Bary prit possession de l'Institut et du jardin botanique en 1871. Le professeur De Bary, botaniste de grande compétence, jouissait d'un prestige incontesté. Il effectua la première mutation de la botanique. La nouvelle botanique qu'il fallait mettre en place était marqué par le développement prodigieux du 19eme siècle :


- Elle s'intéressait aux espèces et à la végétation, non seulement celles de la région, mais celles de tous les pays du monde : la géobotanique était née.


- Elle voulait étudier les plantes, non seulement dans leur utilité pour l'homme (alimentaires, décoratives) mais comme des êtres vivants organisés qui ont une morphologie, une anatomie, histologie, cytologie et une biologie de la reproduction. La physiologie prenait son essor.


           Son élève, le comte Hermann de Solms-Laubach le remplaça dignement. Il enrichit considérablement le jardin en plantes exotiques grâce à ses nombreux voyages et ses relations étendues. Autre collaborateur de De Barry, Jost L. fut nommé directeur de l'institut de botanique de 1908 à 1918. Surtout enseignant, il fit beaucoup d'efforts pour le développement de la physiologie. Il fut l'un des pionniers à découvrir le rôle des chromosomes comme supports matériels des facteurs mendéliens.



           Aujourd'hui, le Jardin botanique a la même superficie qu'à sa création. L’Institut de Botanique et les locaux actuels (serre froide et serre chaude) furent construits en 1967 sous la direction du doyen Henri-Jean Maresquelle, directeur du jardin de 1945 à 1968. Les chercheurs s'orientent maintenant vers un regroupement des familles botaniques d'après les propriétés chimiques et morphologiques des plantes, compte tenu de leurs modifications structurelles, et rapprochent ainsi des espèces d'apparences différentes. Le jardin s'adapte ainsi perpétuellement avec les avancées scientifiques.


           Maresquelle, directeur du jardin de 1945 à 1968. Les chercheurs s'orientent maintenant vers un regroupement des familles botaniques d'après les propriétés chimiques et morphologiques des plantes, compte tenu de leurs modifications structurelles, et rapprochent ainsi des espèces d'apparences différentes. Le jardin s'adapte ainsi perpétuellement avec les avancées scientifiques.


           Christian Müller nous décrit : « Un ancien fossé de la ville, en demi-cercle, où quelques  brochets exercent encore leurs déprédations, abrite les plantes aquatiques ; des pentes doucement vallonnées et semés de gazon y donne accès, et un batelet mène d’une rive à l’autre ». Des noms de plantes à n’en plus finir viennent enrichir cette promenade narrative. Les visiteurs se retrouvent en « Perse, en Chine et au Tibet » grâce aux nombreuses plantes déjà présentes dans le jardin, « les unes aimant le sol aride, sablonneux, les autres le roc ou la terre de bruyère ». A travers cette lecture, nous nous aventurons ensuite dans l’Arboretum, réservé aux arbres de grande envergure.


           La construction des gigantesques serres se termine en 1884. La plus impressionnante des serres est certainement le Palmarium,  haute de dix mètres, elle est entourée de deux bâtiments latéraux. Un système ingénieux de chauffage se fait grâce à une circulation d’eau chaude permettant le maintien d’une atmosphère humide. D’autres structures vitrées occupent l’espace devant ce majestueux bâtiment, l’une d’elle n’a pas moins de douze cotés: Victoriahaus, elle renferme un bassin de 7 mètres de diamètre dédiée à la culture du nénuphar géant. Malheureusement, en août 1958, un violent orage de grêles détruit de nombreuses vitres des serres.


           En 1963, la démolition de la majorité des serres est entammée suite au désintérêt général pour la botanique. La seule serre à être encore debout à l’heure actuelle est la serre de Bary, elle est désormais classée monument historique. A l’emplacement des anciennes serres se trouve désormais le nouvel Institut de botanique construit en 1967. Très peu de changement on eu lieu depuis cette époque, les parcelles du jardin botanique sont en effet toujours les mêmes.

CHAPITRE 1

UNE LONGUE HISTOIRE


HISTOIRE DU JARDIN BOTANIQUE

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CHAPITRE 1

CHAPITRE 2

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CHAPITRE 3

LE JARDIN AUJOURD'HUI

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CHAPITRE 3

           Pour un jardin d'université, la mission capitale est de faire de la science. On y travaille de deux façons : par l'expérimentation et la recherche directe; par la préparation et la conservation des plantes en vue de recherches en laboratoires. Cette dernière mission aboutit aux échanges de graines avec les jardins du monde entier. Pour la fourniture de graines, les exigences sont impérieuses avec les progrès scientifiques : une plante doit être fournie avec son état civil, c'est à dire porter le nom de son origine naturelle.


           Au fur et à mesure des années, un grand effort à été fournie pour remplacer les plantes du jardin , d'état civil souvent inconnu, par des plantes d'origines bien définie. Une fois que l'on a une souche d'origine connue, encore faut il la garder dans sa pureté, récolter des graines qui soient bien d'elle, éviter les hybridations spontanées avec des plantes apparentés environantes. Les recherches proprement dites comportent d'une part : des expériences sur les modes de croissance et leur causes, les galles d'insectes sur les plantes; d'autre part et surtout des expériences de génétique : l'étude de l'hérédité est le domaine ou le jardin peut rendre les plus grands services par la multiplicité des races qu'il présente cote à cote. 

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           L'aspect scientifique et technique du jardin à permis la reproduction par clonage de plants de Houblon particulièrement intéressants, la multiplication d'orchidées exotiques par culture cellulaire ou encore des travaux sur la génétique des pigments. Les correspondances entre jardin peuvent concerner des plants entier. Strasbourg est le seul producteur de patchouli sur lequel les botanistes bordelais travaillent.


           La compréhension de la synthèse de patchouli intéresse de nombreux parfumeurs. Avec certaines espèces menacés d'extinction les jardins botaniques jouent un rôle de conservateur. Les dendrothèques comptent plus d'individus de ginkgo et de metaséquoia que dans la nature. Le jardin botanique est donc une collection de plantes qui sert à la recherche, à l'enseignement des étudiants et à l'instruction du public en plus de sa fonction de jardin-refuge.



           Depuis 1982, il existe une association des amis du jardin botanique qui continue de protéger et soutenir cet espace de culture végétale. Ils organisent de nombreux évènements et expositions pour valoriser et partager ce patrimoine avec le public. . Ces derniers apportent une dimension de vulgarisation scientifique qui associe le grand public à la vie des plantes. 

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           Créé pour enseigner la médecine il y a près de quatre cents ans, le jardin a maintenant de toutes nouvelles missions. Les responsables du jardin botanique de Strasbourg souhaitent désormais éduquer le public à la connaissance du monde végétale. Quels sont les enjeux de la conservation des plantes ?

           Un accueil privilégié est fournis aux petites têtes blondes accompagnées de leurs enseignants ou non. Tout est mis en place pour qu’ils soient sensibilisés dès le plus jeune âge. Ainsi des animations scientifiques sont proposées pour les 4 à 10 ans. Les enfants vont être accueillis par des étudiants animateurs. Ses étudiants en biologie vont pouvoir transmettre leur passion pour le monde végétal aux plus jeunes. Durant deux demi-journées, les enfants jouent, dessinent et apprennent de façon ludique les B-A Ba de la biologie : de quoi les plantes sont-elles composées, comment se fait leur reproduction, quel type de plantes peut-on trouver au jardin et bien d’autres.



           Les animateurs sont là pour répondre à tous les “pourquoi” qui sortent de la tête des enfants. A chaque vacances, les animations font peau-neuve. Et bien sûr, après les deux demi-journées, les enfants ramènent toujours des souvenirs à la maison.

           En ce qui concerne les scolaires, différents types de visites sont possibles selon l’envie et le projet des enseignants. Ces derniers peuvent même récupérer des documents qui vont pouvoir faciliter leur visite telle qu’un catalogue détaillant les différentes visites possibles, les ateliers pédagogiques avec pour chaque les temps, âges, modalités.


           Le jardin botanique propose également des visites libres tous les après-midis. Sur son site internet, différents parcours de visites sont disponibles. Ces parcours sont identifiables par des flèches dans le jardin. Des plus tous les arbres sont identifiés grâce à des étiquettes où l’on retrouve le répartition géographique, la famille, le nom scientifique, le nom commun en français mais également en allemand, afin de faciliter la visite de nos voisins.

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Ce volet de vulgarisation scientifique est complété par des expositions temporaires visibles gratuitement dans le jardin. Ses expositions ont des thèmes très variés discutant des courges, des plantes japonaises, des conifères en passant par les plantes de la cathédrale ou les épices. Un lien art & science est visible dans chacune des expositions avec un graphisme très attractif. 


Sa mission de médiation scientifique, le jardin botanique participe également aux nuits des musées, particulièrement célèbre à Strasbourg. Le jardin propose chaque année une porte ouverte au mois de mai, sans oublier “les rendez-vous au jardin” et les journées du patrimoine.

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CREDITS


REDACTION

Angélie Correia

Mathilde Gratiot


REALISATION


Thomas Delozier



UNIVERSITE DE STRASBOURG

JARDIN DES SCIENCES

MASTER DE COMMUNICATION SCIENTIFIQUE


CHAPITRE 3

LE JARDIN

AUJOURD'HUI

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